Fleurus d'Algérie (1848 - 1962)

Vue du moulin

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Fleurus depuis le moulin en 1943

(collection Andrée Toeroek-Masson)

Cette photo fait partie d'un petit jeu de cartes postales réalisées en 1943 pour que les troupes alliées en transit dans le camp établi après le débarquement de 1942 puissent renvoyer chez eux une image du pays où ils se trouvaient. Le choix du point de vue non seulement permet un encadrement factice comprenant quelques vieilles pierres (les correspondants du Nouveau Monde vont apprécier cela), mais assure aussi que les camps, et leurs secrets militaires éventuels, soient cachés. (Ces camps sont pour la plupart à la droite du cadre, entre le moulin et la route d'Assi-Ameur, quoiqu'on en distingue, de très loin, quelques édifices derrière la cave Beaudet.) Le chemin de fer est aussi occulté par la pente de la colline : on ne sait jamais entre les mains de quel espion peut tomber la photo.

Celle-ci, prise d'une certaine hauteur, fait apparaître les bâtiments qui dominent le village de façon plus proéminente que sur les cartes ou dans les images de maisons prises au niveau de la rue. Au troisième plan, le village est dominé par l'église et son clocher trapu, mais la cave Beaudet, à sa droite, la domine à son tour par le volume. A la gauche de l'église, le château Beaudet se détache bien des maisons sans étage, puis, à sa gauche encore, la mairie et la salle des fêtes attenante attestent de l'importance des bâtiments municipaux. Pourtant, à gauche encore, le paysage est dominé par les caves Rabisse et Girard, avec leurs orifices de ventilation : dans ce village le vin est roi.

Au second plan, nous surplombons le chemin de fer. Au centre gauche, la villa Louisette, bâtie par l'ancien maire Carton et qui appartient à présent au pépiniériste Pellegrin. A la droite, derrière le carrefour rue de la boulangerie / rue de la gare, la silhouette de la cave Houdou gérée par les Kammerer domine aussi les maisons.

Au premier plan apparaissent clairement les petites carrières de sable creusées par différentes entreprises de maçonnerie (de Fleurus et d'ailleurs) moyennant une taxe perçue par la commune.

On voit, enfin, clairement le contraste (au troisième plan) entre la pierraille de l'escarpement derrière le village, avec ses rares lentisques, et les marques importantes de creusement de carrières de plâtre, et la plaine en allant vers le bout des salines d'Arzew. Fleurus apparaît bien (pour nous, peut-être pas pour les correspondants du Nouveau Monde) comme perché au-dessus de sa plaine.

 

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