Annexe I - Mémoire de Gustave Rabisse
Les Rabisse, qui ont joué un rôle important dans toute l'histoire de Fleurus, arrivent avec le convoi de 1848 à dix, répartis sur trois générations. Les grands-parents, Nicolas Augustin Rabisse et Marie Rose Moriau ont la cinquantaine. Originaires de Saint-Dizier, ils ont émigré en région parisienne vers 1823. Fils de maréchal ferrant, Nicolas Augustin a continué à exercer ce métier à Paris, à Saint-Denis, et plus récemment à Saint-Maurice, avant de devenir menuisier. Ils sont accompagnés de cinq de leurs six fils, Auguste, Pierre, Emile, Gustave (notre futur mémorialiste) et Ernest (âgés de 27 à 6 ans), et de leur fille Anne Marie (13 ans). Emile et Pierre voyagent avec leurs épouses, Adelaïde Delume et Agathe Deville, et celle-ci porte aux bras le petit Augustin, qui a huit mois.
Pratiquement dès leur arrivée, les Rabisse ont pris sur eux une responsabilité d'historiens. Dans le chapitre 3 de Fleurus en Oranie (pp. 91-92), les habitués du cabaret Petit apprennent que toute la famille passait en 1852 les jeudis à construire un mur autour d'une partie d'un de leurs lots de culture, afin de préserver pour l'avenir une broussaille et des arbres qui disparaissaient pendant le défrichement. (Plus tard, le parc Poumeyrol.) En 1877, peu de temps après son installation comme maire, Pierre Rabisse composa une Notice historique et statistique de Fleurus, qu'il confia aux archives de la commune (FR ANOM 2M67/création). C'est dans ce même esprit que son petit frère, Gustave, composa une trentaine d'années après le présent Mémoire.
Gustave avait onze ans au moment du convoi de 1848. Il vécut avec son père, Nicolas Augustin (sa mère ayant succombé au choléra de 1849) jusqu'en 1859. Au moment de partir pour le service militaire en 1859 au 83e régiment d'infanterie à Oran, il reconnut son fils, Gustave Augustin, né de sa nièce par alliance, Eugénie Agathe Brunet, âgée de seize ans. Ce couple peu orthodoxe rentra à Paris dès la démobilisation de Gustave en 1863 et se maria à Ménilmontant en 1867. Gustave fils se distingua par deux longs poèmes écrits au cours des années 1890 dans le sillon des Unanimistes (mouvement créé par Jules Romains): La Terre et l'homme, 1904 et Plus de guerre, la paix universelle, 1904-05. Cette vocation littéraire l'a peut-être conduit à persuader son père de coucher par écrit les souvenirs de la colonie que lui et son épouse ont dû évoquer maintes fois pendant leur vie. D'autre part, le frère aîné de Gustave père (le Pierre Rabisse auteur de la Notice historique) a pu le lui suggérer.
Histoire d'une colonisation en Algérie par un ex-colon : de 1848 à 1862 (depuis son commencement en pleine brousse) est un manuscrit jamais imprimé, rédigé en 1906 (comme l'indique la phrase relative à 1848, Il y a de cela 58 ans écoulés du jour ou j'écris ces lignes). Plusieurs photocopies en ont été distribuées au sein des familles Rabisse au cours des années 1970 par les soins d'un des alliés de la branche de Pierre Rabisse, Robert Bister-Jorda, qui projetait un ouvrage sur Fleurus. Un autre ex-Fleurusien, Laurent Boj, lui en a emprunté une copie et l'a transcrite, pour la paraphraser copieusement et intelligemment dans son tapuscrit Histoire d'une colonie en Oranie depuis 1848 (rédigé en 1987), qui a beaucoup inspiré Fleurus en Oranie.
Plus récemment, Hugues Marty, allié à la même branche Rabisse, a entrepris de transcrire de nouveau le manuscrit dans le but de le publier. L'auteur de Fleurus en Oranie a convenu avec lui d'aider à certaines transcriptions et d'y ajouter quelques notes explicatives. Puis, comme Fleurus en Oranie le cite souvent, il nous a semblé préférable de le publier en annexe de l'ouvrage, par la voie présente. Nous avons également jugé raisonnable de ne pas rectifier ou moderniser l'orthographe ou le style de Gustave, comme Laurent Boj l'avait fait.
Christophe Campos
Hugues Marty
Les liens ci-dessous vous permettent d'afficher les 12 sections du Mémoire en pdf :
Lotissement, défrichement, rapports avec les Indigènes
Changement de régime, menaces des Indigènes, agriculture